illustration Nicolae Negura
ART

Interview de Nicolae Negură

Illustrateur prolifique qui a l’art au plus profond de lui et déborde de créativité. Il réalise des œuvres captivantes avec ses personnages et scènes de vie, parfois surréalistes qui nous emmène dans son imaginaire coloré, rêveur et profond.  Nicolae Negură est un illustrateur roumain installé à Lisbonne depuis 10 ans maintenant, il nous raconte son parcours, ses inspirations, ses projets et sa vie de lisboète.

Quand avez-vous commencé à faire des illustrations ? 

J’ai commencé à faire des illustrations en 2010. J’ai eu mon premier travail d’illustration avec un chanteur roumain pour une école de musique. J’ai commencé à faire de l’illustration à l’université. La production de contenu pour l’université a éveillé mon amour pour l’illustration.

Quel type d’illustrateur êtes-vous ? 

Je pense que je suis entre le commercial et le non-commercial. Je fais des collaboration avec des marques, pour des marques locals donc je suis devenu un illustrateur plus commercial. Je travaille pour des projets éditoriaux, comme des couvertures de livres, des magazines, des publicités, des affiches, des emballages, etc. J’ai aussi fait du merchandising, un peu de tout. Lorsque j’étais étudiant, je me concentrais sur l’illustration de livres pour enfants, mais plus maintenant. J’ai quitté le monde des livres pour enfants, mais je suis très inspiré par les bandes dessinées. J’ai commencé à faire des bandes dessinées, mais je n’ai jamais fait plus de six pages.

Vous avez fait un livre avec un écrivain ? 

Je l’ai fait avec un groupe d’artistes de Roumanie et avec des professeurs français. Les professeurs français sont venus à notre université, alors nous avons fait un livre ensemble sur cette période, celle où j’étudiais. Et puis j’ai fait plusieurs petites bandes dessinées pour un magazine roumain appelé Revista Comics. 

C’est un magazine connu ?

C’est à peu près le seul, je crois. C’est un magazine de collaboration.

Vous travaillez beaucoup avec des Roumains, dans votre pays ? 

Pas tant que ça. J’ai commencé là-bas mais j’ai trouvé mon style à Lisbonne, quand j’ai déménagé au Portugal. Avant de quitter la Roumanie, j’étais un peu indécis sur la voie à suivre. Et quand j’ai déménagé ici, j’ai commencé à travailler comme graphiste et comme illustrateur indépendant. J’ai commencé à définir mon style. Je suis devenu plus un artiste illustrateur et Lisbonne a vraiment défini mon style. Je travaille toujours avec des Roumains, quelques entreprises m’ont contacté il y a quelques semaines pour travailler ensemble. Mais ce n’est pas comme avant, mon nom n’apparaît plus autant je pense. (rires)

Nicolae Negură est-il votre vrai nom ?

Oui, Negurã signifie brume ou brouillard, en anglais.

Oh cool, c’est sympa et parfois vous faites du fan art ou du fanzine ?

Si tu fais référence à mes portraits sur Instagram. Oui j’ai fait beaucoup de fan art à partir de séries.

Vous faites des tatouages ? 

Je ne fais pas de tatouages moi-même, je dessine pour des tatouages, mais je ne suis jamais satisfait, artistiquement parlant. J’ai fait des dessins en couleur et en noir et blanc pour des tatouages, mais ils ne respectaient pas mes lignes de dessin. Un jour, un type m’a demandé s’il pouvait utiliser mon dessin pour son tatouage, et j’ai dit ok, mais à la fin, le dessin n’était pas joli, bien que ce soit un bel hommage à moi. Pour les autres tatouages, j’ai été payé pour le dessin, mais quand j’ai vu le résultat final, j’étais oh oh (rire). C’était plutôt une interprétation de mon dessin. 

Personnellement, quand je vois vos illustrations, je ressens vraiment le personnage et la scène. C’est comme si tes illustrations étaient une scène de film. Travaillez-vous comme un storyboarder ?

Mon processus est-il similaire au storyboarding ? Oui, je n’ai pas fait de storyboard pour le cinéma, mais quand j’étudiais l’illustration, c’était quelque chose que je voulais faire en fait. Mais j’utilise le même processus. Je fais beaucoup de croquis. Je m’inspire beaucoup des films et j’aime les scènes cinématographiques ou photographiques. 

Travaillez-vous pour le cinéma ?

J’ai fait quelques illustrations, je veux dire, j’ai fait quelques dessins de personnages pour le cinéma, mais le projet n’a pas abouti. J’ai dessiné le personnage pour ce film. Mais je ne sais pas ce qui s’est passé. J’ai aussi fait des affiches pour un court métrage et une pour un documentaire. Pour le documentaire, c’était du graphisme, je leur ai proposé de faire de l’illustration, mais ils ont préféré aller dans le sens du graphisme. Cela n’avait rien à voir avec ce que je fais aujourd’hui, c’était du graphisme.

Avez-vous un réalisateur préféré ?

Charlie Kaufman, il a fait Being John Malkovich (1999). Mon préféré de lui est Synecdoche New York (2008). Je le recommande, c’est un très bon film, et c’est l’un de mes films préférés.

Avec qui rêvez-vous de travailler ?

Le New Yorker, oui. Je suppose que c’est le rêve de tout illustrateur. En fait, j’aimerais travailler pour Absolut Vodka, pour Nike, ils font de belles illustrations, mais mon rêve principal est le New Yorker. J’adorerais faire la couverture du New Yorker. 

Vous travaillez et vivez donc à Lisbonne. Qu’aimez-vous faire à Lisbonne ?

J’aime sortir. J’aime la vie nocturne ici. Me promener, flâner au bord du fleuve et sur la plage. J’aime le Tage, et mon quartier, j’habite près de Graça.

Pourquoi avez-vous choisi de venir à Lisbonne ?

Ma sœur a fait un Erasmus ici, et l’idée était dans un coin de ma tête depuis plusieurs années. La première année, en fait la première semaine, quand j’ai essayé de travailler comme graphiste. Je me suis dit, qui ne tente rien n’a rien. J’ai besoin de voyager pour faire quelque chose. J’ai donc postulé pour un projet de volontariat en Espagne, en Grèce et au Portugal. Et le premier qui m’a répondu, c’est le Portugal et ils m’ont accepté. Je suis donc venu ici et j’ai obtenu la bourse. 

Travaillez-vous sur de nouveaux projets ? Et voulez-vous en parler ?

C’est dans ma tête, c’est cérébral. Je me suis dit, je vais retravailler différemment mes personnages. Je verrai quand j’aurai fini, je ne suis pas pressé. Ils sont tous personnels. L’un d’eux est sur le point d’être terminé. J’ai fait un projet personnel l’année dernière, intitulé : « La première quarantaine » . Avec la deuxième quarantaine j’ai travaillé comme la première version, mais cette fois si, plus sur le fait d’être piégé chez soi. Cette deuxième version traite du fait d’être piégé dans notre esprit. Après ces plusieurs confinements, je pense que c’est plus lourd pour tout le monde. La deuxième quarantaine était plus déprimante, donc la deuxième partie parle de la solitude et du fait d’être mal à l’aise chez soi. J’ai également fais des peintures plus grandes, à l’acrylique, ainsi que des portraits et quelques paysages. C’est un projet sur l’incapacité à s’endormir et sur les rêves.

Peignez-vous à l’extérieur ?

Oui, j’ai peint dehors. C’est très agréable, je préfère peindre dehors. Je ne suis pas vraiment allé plus loin dans mon travail sur les peintures murales ici. J’en ai fait quelques-unes et elles ne sont pas très grandes. Je n’ai donc pas encore franchi le pas pour la réalisation sur des bâtiments. Mes dernières peintures murales datent de 2019. J’ai postulé pour des projets, mais je n’ai pas été retenu. Je verrai à l’avenir. J’aime beaucoup peindre à l’extérieur. Les gens qui passent, parfois ils apportent de la nourriture, de l’eau. C’est très agréable, et ça vous sort de la solitude de l’artiste, c’est une belle chose.

Êtes-vous un rêveur ?  Faites-vous des rêves intenses ?

Les rêves me donnent de l’anxiété. C’est pourquoi je fais ce projet. J’ai toujours des problèmes pour m’endormir mais moins maintenant. Quand je m’endors, je fais des rêves intenses et lourds. Mais maintenant je vais mieux. Parfois, j’écris à ce sujet. 

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