Kingpin Books KP

La première boutique de bandes dessinées à Lisbonne et la plus complète. Véritable institution, le créateur du lieu, auteur, scénariste et éditeur Mário Freitas nous raconte l’histoire de la comics boutique.

Quand avez-vous ouvert la boutique ? Et quelle était l’idée de départ ?

J’ai créé la boutique en 1999, il y a donc 23 ans. Au début, je n’avais qu’une boutique en ligne, et pour autant que je sache, c’était la première boutique de bandes dessinées au Portugal.

Donc, d’abord, vous voulez ouvrir une boutique en ligne, puis vous décidez d’ouvrir une boutique traditionnelle.

Le premier vrai magasin je l’ai ouvert en 2002. C’était un très petit magasin, de 4 m². Ce n’était pas loin de la boutique actuelle, probablement à 15 minutes d’ici. C’était dans un petit centre commercial et puis 2 ans plus tard en 2004 je me suis installé sur l’avenue Almirante Reis au numéro 82, entre la station Anjos et Arrois.

Les lisboètes ont-ils tout de suite apprécié le concept  ?

En fait la boutique d’en face est devenu vacante, alors tout en gardant ma toute petite boutique, j’ai ouvert l’espace de la boutique d’en face, puis j’ai changé pour agrandir l’espace de vente. Me voilà à cette époque avec deux espaces dédiés à la bande dessinée et il y a 4 ans je m’ installais dans le grand espace de la boutique actuelle.

Vous êtes plutôt fan de bandes dessinées ou de comics américains, ou de mangas ?

Personnellement j’ai une bibliothèque assez importante avec un peu de tout. Je collectionne les comics Marvel et DC, les BD en français, les romans graphiques, les mangas, et les créateurs portugais bien sûr. J’aime découvrir de nouvelles références et auteurs, je pense que j’ai absolument tout lu. Je suis aussi un créateur de bandes dessinées. J’écris, et c’est une grande passion, pour moi, cela n’a pas vraiment de sens que certaines personnes aiment seulement un ou deux types d’histoires graphiques.  J’espère avec ma boutique, montrer aux gens qu’il y a des bons auteurs et références qui viennent des États-Unis, de France, de Belgique, du Portugal, du Japon, d’Amérique du Sud et autres. J’aime tout lire et je suis toujours à la recherche de nouvelles pièces.

Dans votre boutique vous avez des exclusivités comme les comics américains originaux, en format journal. Vous êtes doué pour chercher et trouver des références un peu rare. 

Oui, si vous allez aux Etats-Unis ou en Angleterre, la plupart des magasins n’ont pas ce genre de références car ils sont plutôt destinés au marché européen. Et inversement en France et en Europe vous n’avez pas ces titres américains que nous avons à la boutique. 

Vous êtes donc un passionné.

Assurément comme vous pouvez le voir. Je ne pourrais jamais ouvrir un magasin comme celui-ci si je n’étais pas passionné. 

Etes vous un écrivain ? 

Oui j’écris, je suis scénariste et je publie aussi, car Kingpin est devenu une maison d’édition. Je publie des livres d’autres d’artistes. 

Etes-vous comme Goscinny ? 

Malheureusement j’aimerais avoir le talent de Goscinny. Je pense que personne est Goscinny car pour moi il était un génie absolu.

Diriez-vous que vous êtes drôle dans vos textes ou plutôt littéraire ?

Cela dépend, je n’aime pas adopter un style spécifique, donc je peux être drôle à certains moments. Mais je ne pense pas que ce soit le point le plus important, j’aime être intelligent sur les choses que j’écris. Ce qui est sûr, c’est que je ne pense pas à écrire pour que ce soit adapté à tous les lecteurs, je pense que tout lecteur a son intelligence et perçoit mon récit à sa façon.

Dans votre boutique, vous aimez avoir différents types d’histoires, comme des histoires d’horreur et des histoires amusantes ?

Comme vous pouvez le voir, nous aimons tout type d’histoires dans notre boutique, j’aime bien proposer aux Lisboètes tout type d’auteurs et illustrateurs.

Organisez vous des évènements, comme des séances de dédicaces ?

Nous avons aménagé dans la boutique un espace spécial pour cela. En juillet nous avons eu un évènement, avec Filipe Andrade, un illustrateur portugais. Il est venu faire une séance de dédicace à la boutique. C’est un artiste qui travaille souvent avec des éditeurs américain sur des célèbres franchisses de comics. Il a co-édité un excellent livre qui s’appelle « The Many Deaths of Laila Starr » avec l’auteur RamV, un écrivain indien. RamV est un très bon écrivain. Le livre avec les illustrations de Filipe Andrade est magnifique.

Vous travaillez avec des éditeurs particuliers ?

Nous travaillons avec de nombreux éditeurs, des éditeurs portugais et bien sûr des éditeurs étrangers.

Quand avez-vous commencé à avoir des figurines ?

Quand j’ai commencé je n’avais pas de place pour installer des figurines. J’ai commencé à avoir de la place pour vendre des figurines quand le magasin s’est agrandi.

C’est un espace pour le fan de BD, comme la boutique dans Big Bang Theory ?

Si vous aimez les figurines Funko Pops, il y a des Funko Pops pour tous les goûts. Tout le monde est fan de quelque chose et Funko Pops a forcément votre personnage, comme un personnage de Marvel, de DC Comics, de Disney, de Star Wars, ou de séries télévisées.  Il y a beaucoup de fans pour ces minis représentations de personnages. Par contre je n’aime pas mettre d’étiquettes sur les fans de culture science fiction ou de bandes dessinées. Je n’aime pas le mot geek ou nerd, surtout nerd, c’était une insulte lors de sa création. Chaque personne est elle-même.

Vous aimez plus spécifiquement la lecture, ou vous aimez aussi la culture environnante ?

Le merchandising est aussi lié à cette culture, car malheureusement il y a des gens qui ne lisent pas ou peu. 

Alors peut-être avec le dessin comme la bande dessinée c’est un bon moyen pour commencer à lire ? 

Exactement je pense que tous les enfants doivent lire des bandes dessinées s’ils veulent devenir des lecteurs. Les BD et ou les comics sont un bon moyen de développer les fonctions cognitives, de développer la capacité de penser. C’est fondamental, le livre objet est aussi illustré donc permet plusieurs lectures. Les meilleurs livres sont ceux auxquels vous revenez quelques années plus tard et vous découvrez quelque chose qui n’était pas là avant. Il y a des significations ou des couches spécifiques dans les livres, ou peut-être vous êtes une personne différente. en fonction  de l’état émotionnel ou d’esprit. Les états de vie, l’âge que nous avons, change la façon de percevoir l’histoire, c’est absolument différent. Si je lis le livre à 20 ans et si je le relis à 50 ans, et j’ai par ailleurs 50 ans, la perception sera totalement différente, surtout s’il y a plusieurs niveaux de lecture.

Surtout si vous avez une collection, c’est quelque chose que vous pouvez transmettre à vos enfants ou neveux et nièces.

Je n’ai pas d’enfants, donc je ne peux pas. Mais je veux dans mes dernières années de ma vie, quand je serai totalement fatigué de mon activité, peut-être dans 20 ou 30 ans, j’envisage de créer quelque chose comme une fondation. Je veux laisser un héritage. Je veux laisser ma collection de livres et de figurines aux générations futures, ainsi que toutes les connaissances que j’ai accumulées, et toutes les pensées que j’ai écrites au cours de ma vie. Ce qui fait la différence, c’est ce que nous faisons de notre vivant et ce que nous laissons après. 

Ma dernière question concerne la section française dans votre boutique, parce que pour moi c’est génial d’avoir un mur avec des BD en français, pourquoi ?

Vous pouvez voir, il y a des endroits vides, parce que certaines personnes en ont acheté et maintenant je dois faire un nouveau mur de livres français. C’est un grand marché plein de livres fantastiques et certains d’entre eux ne sont pas traduits dans d’autres langues. Vous savez le marché belge et français est gigantesque, il y a de grands classiques ou des livres modernes. 

C’est en quelque sorte comme une avant-première, vous proposez les nouvelles parutions, avant qu’elles ne soient traduits en portugais. 

Oui des nouvelles parutions en français ou anglais, car il n’y a pas beaucoup de livres traduits en portugais, le marché portugais est trop petit. 

Les portugais sont-ils « bons » pour lire le français ?

Je ne trouve pas autant que l’anglais, si les gens au Portugal lisent le français comme ils lisent l’anglais, j’aurai une plus grande section. De toute façon, c’est important pour le magasin et pour la diversité du magasin.

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